Musique : Le phénomène guadeloupéen Riddla en concert unique à la Cigale à Paris
Après deux prestations données à Paris à guichets fermés, le chanteur guadeloupéen Riddla revient dans la capitale pour un concert unique à la Cigale. Une séance de rattrapage pour découvrir ou redécouvrir ce phénomène de la musique urbaine des Antilles.
Aujourd’hui, les musiques dites urbaines – rap, Rnb’ contemporain, dance hall – occupent une place importante voire dominante dans le paysage musical français. Un répertoire urbain plébiscité notamment par un public jeune qui écoute majoritairement de la musique à partir de plateformes de diffusion en ligne et de téléchargement.
Les outre-mer n’échappent pas à cette vague et les artistes de musiques urbaines de ces territoires figurent eux aussi parmi les musiciens les plus écoutés. C’est le cas de Riddla, de son vrai nom Wesley Boulogne qui, en plus de 20 ans de carrière, est devenu une référence en la matière et l’un des artistes les plus influents de sa génération.
Phénomène de la musique urbaine antillaise
Véritable phénomène de la musique urbaine des Antilles, Riddla qui a emprunté son nom de scène à un personnage de Batman pour sa double personnalité – à la fois réservé dans la vie, mais qui se transforme en showman et en bête de scène lors de ses prestations -, a débuté sa carrière avec Fuckly, fer de lance du groupe « N’O Clan » (Clan des narrateurs omniscients), un collectif hip hop créé à l’époque en Guadeloupe.
En 2003, il prend son envol et sort son premier et unique album à ce jour « C’-Pag Na » qui le consacre comme l’égal de ses contemporains dans la musique urbaine antillaise. Il enchaîne ensuite les singles sur des rythmes aussi divers que le rap, le reggae,la Rn’b, le soca, le bouyon, le zouk ou le Gwo ka, seul ou en featuring avec ses amis Fuckly, Admiral T, Philissia Ross ou encore Booba. Des titres qui se transforment en tubes dans lesquels il montre toute l’étendue de ses talents d’auteur – interprète.
Si Riddla, animateur radio par ailleurs, est très actif sur les réseaux sociaux où il déverse à longueur de temps vidéos, sons, images et des délires en tout genre, pour dit-il, assurer sa promotion et entretenir la flamme qui le relie à son public, il est également un artiste engagé qui n’hésite pas à s’indigner ou à engager des combats en faveur d’un mieux-vivre dans la société guadeloupéenne et plus largement antillaise. Ainsi, il ne s’est pas fait prier pour rejoindre ses camarades Daly, Es.Y Kennenga, Admiral T et Misié Sadik sur le titre « Respekté’W » contre la montée de la violence qui commence à gangrener les Antilles.
Le sarcasme et l’humour comme arme
Cependant, au contraire de son comparse Fuckly qui fait part des souffrances et des indignations de la société guadeloupéenne sur un mode grave, Riddla a choisi l’humour et le sarcasme pour s’exprimer et délivrer ses messages. C’est dans cet esprit qu’il s’offusque de la cherté du prix des carburants et fait part de la colère des automobilistes guadeloupéens qu’il sort « Ti Bidon », une satire qui deviendra le tube du carnaval 2014. De même, sur le même ton, en 2017, lors de l’élection présidentielle, il s’élève contre la malhonnêteté des hommes politiques en référence à l’affaire François Fillon à qui il va consacrer son titre « Milionè ».
Mais c’est surtout sur scène que Riddla s’exprime le mieux et donne sa pleine mesure. Une aisance scénique plébiscitée d’ailleurs par un public qui ne s’y trompe pas puisque ses deux derniers concerts à Paris – décembre 2018 et février 2019 – donnés à l’occasion de ses 20 ans de carrière se sont déroulés à guichets fermés. Fort de ce succès, Riddla remet le couvert et repart en « Bodé » à la Cigale le 19 janvier prochain pour une séance unique de rattrapage. Pour le plus grand bonheur de ses nombreux fans en manque de ses mélodies et de ses prestations scéniques.